In Memoriam: Georges Lubin

Le Monde, Wednesday, February 16th 2000: A Passion for George Sand

A man of letters and a George Sand specialist, Georges Lubin passed away February 13th, at ninety-six years old. Born January 24th 1904 in Ardentes (Indre, France), a few miles away from Nohant, Georges Lubin was the son of a wheelwright-blacksmith. After studying in Châteauroux and Poitiers and teaching for four years in Rouen, he left the field of education and started a career in banking in 1931, at the Société Générale bank, until he retired in 1964.

As a novelist and essayist – among his works are La Terre a soif (1934), Changer de peau (1936), Maxime Rasquin (1951) – Georges Lubin mainly associated his name to Sand’s, whose portrait he would contemplate as a child, at his parents’ home. “The Berry did not exist before Sand”, he declared in August 1990, “she made the region famous.” He had even crossed paths with the author’s daughter, Aurore, during his adolescence.

By Janis Glasgow

 

Hommage to Georges Lubin

“Amant posthume” (“Posthumous Lover”) of the Lady of Nohant, as Dominique Desanti beautifully named him, he had had, at the beginning of the 1950s, the project to write a biography. He gathered numerous documents, but the publication of Lélia, by André Maurois in 1952 pushed him to undertake another task: that of the complete edition of Sand’s correspondence. With his spouse, Madeleine, deceased in 1996 at a hundred years old, he set out to copy by hand (photocopying did not exist) all of Sand’s letters he had access to.

Devoted to the handcrafted method, Georges Lubin had built up a large file by himself, double checking and crossing each piece of information it contained.

In 1964, after a long period of preparatory work, the first volume of what would be a monument was published. Twenty-four volumes would follow until 1991, going through many editorial vicissitudes due to the sheer size of the project. This work, which became a reference worldwide thanks to its rigor and the respect of the rules of scholarship, had been completed by a person who was not a scholar, solely guided by his passion. Moreover, this work totaling about twenty thousand pages probably makes up one of the largest and richest body of correspondence of the 19th century. Thanks to this publication, many works of the author, which had been forgotten about, were reedited throughout the past decades. In 1970 and 1971, Lubin himself published Sand’s autobiographical works in two volumes in the Pléiade collection, as well as an album in the same collection. Lubin is also the author of a large number of studies, prefaces and presentations. The recent selling of the original editions he owned, which took place in poor conditions, put a final – and slightly sad – period to this outstanding scholarly journey.

By Patrick Kéchichian

 

LE MONDE, MERCREDI 16 FEVRIER 2000: La passion George Sand

Homme de lettres et spécialiste de George Sand, Georges Lubin est mort dimanche 13 février à l’âge de quatre-vingt-seize ans. Né le 24 janvier 1904 à Ardentes (Indre), à quelques kilomètres de Nohant, Georges Lubin était le fils d’un charron-forgeron. Après des études à Châteauroux et à Poitiers et quatre années d’enseignement à Rouen, il quitte l’éducation nationale et commence, en 1931, une carrière dans la banque, à la Société Générale, jusqu’à sa retraite en 1964.

Auteur de romans et de recueils de nouvelles – La Terre a soif (1934), Changer de peau (1936), Maxime Rasquin (1951), etc.- Georges Lubin a surtout attaché son nom à celui de George Sand, dont, enfant, il contemplait le portrait chez ses parents. “Le Berry avant George Sand n’existait pas, nous déclarait-il en août 1990, c’est elle qui a fait la célébrité de la région.” Il avait même, au cours de son adolescence, croisé la fille de l’écrivain, Aurore.

Par Janis Glasgow

 

Hommage à Georges Lubin

“Amant posthume” de la Dame de Nohant, comme le nomma joliment Dominique Desanti, il avait eu, dès le début des années 50, le projet d’écrire une biographie. Il rassembla nombre de documents, mais la parution de Lélia, d’André Maurois, en 1952, le détermina à entreprendre une autre tâche: l’édition de la correspondance complète de Sand. Avec son épouse, Madeleine, décédée en 1996 à l’âge de cent ans, il entreprit de recopier à la main – la photocopie n’existait pas – toutes les lettres accessibles de George Sand.

Fidèle à la méthode artisanale, Georges Lubin avait constitué un vaste fichier, vérifiant et recoupant lui-même chaque information qu’il contenait.

En 1964, paraissait chez Garnier le premier volume du monument, fruit d’un long travail préparatoire. Vingt-quatre volumes devaient se succéder, jusqu’en 1991, traversant maintes vicissitudes éditoriales liées à l’ampleur de l’entreprise. Reconnu dans le monde entier, ce travail, remarquable de rigueur et de respect des règles de l’érudition, avait été mené à bien par un non-universitaire guidé par sa seule passion. De plus, cet ensemble de quelque vingt mille pages constitue probablement une des correspondances les plus riches et les plus importantes du XIXe siècle. A la faveur de cette publication, on réédita, au cours des dernières décennies, beaucoup d’ouvrages de l’écrivain, tombés dans l’oubli. Lubin lui-même, en 1970 et 1971, publia les œuvres autobiographiques de Sand, en deux volumes, dans La Pléiade, ainsi qu’un album dans cette même collection. Lubin est également l’auteur d’un grand nombre d’études, préfaces et communications. La vente récente, dans de mauvaises conditions, des éditions originales qu’il possédait, mit un point final un peu triste à cet itinéraire d’érudit exemplaire.

Par Patrick Kéchichian

 

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