In Memoriam: Simone Vierne

Simone Vierne, née Chatenier en 1932 et morte le 18 janvier 2016 est une universitaire et vernienne française. Agrégée de lettres classiques, professeur émérite de littérature française à l’Université Stendhal de Grenoble (1989), elle est directrice honoraire du Centre de recherche sur l’imaginaire.

Organisatrice de nombreux colloques, dont trois à Cerisy-la-Salle, elle a enseigné au Canada et au Japon comme professeur invité.

Spécialiste de la Franc-Maçonnerie, elle a consacré une grande partie de ses travaux à Jules Verne et à George Sand. Elle a participé en 2005 à l’ouvrage de références Jules Verne entre Science Et Mythe aux côtés entre autres de Jean-Michel Margot, Alexandre Tarrieu et Lucian Boia :

  • Initiation et imagination créatrice, 1972
  • L’Île mystérieuse, de Jules Verne, Hachette, 1973
  • Jules Verne et le roman initiatique, Éditions du Sirac, 1973
  • Rite, roman, initiation, Presses universitaires de Grenoble, 1973
  • Depuis la première édition de cette étude, on a assisté à une véritable inflation de l’emploi des termes « initiation » et « initiatique », utilisés souvent sans aucun discernement. Aussi faut-il revenir aux sources, à l’acceptation première du mot et à son usage constant et précis, lié à des pratiques religieuses au sens large.

Aussi sont mis en lumière les grands traits archétypiques du scénario initiatique et des mythes qui lui sont liés, puis la présence, consciente ou non, de ce scénario dans un certain nombre d’œuvres littéraires.

L’imaginaire ici est une réponse à l’angoisse de la condition mortelle, traduite par le rituel initiatique. Mais il est aussi fait référence au film et à la littérature « populaire », tout aussi significatifs. Si des failles apparaissent dans le scénario mal accepté dans notre monde trop rationnel, il n’en reste pas moins que l’art seul permet d’atteindre parfois ce « point où les contraires s’abolissent », qui a hanté les alchimistes comme les surréalistes.

  • L’Archétype initiatique et l’imaginaire, Institut d’Herméneutique, 1974
  • George Sand, Association pour l’étude et la diffusion de l’œuvre de George Sand, 1977
  • Jules Verne, Balland, 1986
  • Itinéraires imaginaires, ELLUG, 1986
  • Jules Verne, mythe et modernité, Presses universitaires de France, 1989
  • L’imaginaire des nourritures, avec Marie-Louise Audiberti, Presses universitaires de Grenoble, 1989
  • Les correspondants d’Henry Bordeaux et leur temps 1902-1963, H. Champion, 1995
  • http://www.aacri.fr/index.php/contributions/9-simone-vierne-mythocritique-et-mythanalyse
  • George Sand et la franc-maçonnerie, Éd. maçonniques de France, 2002
  • George Sand, la femme qui écrivait la nuit, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2003
  • Qui suis-je ? Verne, P.U.F, 2005
  • Lectures de Jules Verne: hier et aujourd’hui, in Iris no 28, 2005, p.13-24
  • Les mythes de la franc-maçonnerie, Éd. Véga, 2008

Il y faut, bien plus qu’un catéchisme récité de façon mécanique, une grammaire critique. Précisément, celle des structures anthropologiques de l’Imaginaire est une des voies herméneutiques qui permet d’en comprendre la portée. Reprenant, grâce à une érudition sans faille, l’histoire des commencements de l’ordre maçonnique, Simone Vierne nous prévient pourtant de ne pas céder à la tentation qui consisterait à chercher le sens de l’Ordre Maçonnique dans un déroulement historique que l’on pourrait suivre et dater. Il s’agit bien plutôt de mettre au jour les divers sens qu’il a pu prendre, en s’interrogeant sur la réalité de l’initiation telle que la vivent de par le monde nombre de francs-maçons et maçonnes. Ceci met également à l’écart les tentations qui viseraient à voir dans la Franc-maçonnerie une capacité singulière qu’auraient certains à changer de statut social, à s’élever dans une hiérarchie plus ou moins occulte pour jouer d’une certaine influence sur le social. Car, si la Franc-maçonnerie vise bien à une transformation, elle se situe sur un plan personnel, dans une quête éthique, philosophique, métaphysique, une vision du monde qui cherche à ne pas se contenter d’une gestion de la vie sous l’angle purement pratique du quotidien. La voie de celle-ci étant, bien entendu, rituelle, dans la compréhension que les membres de l’ordre ont des réalités complémentaires du profane et du sacré. Cette compréhension, pour l’auteur, est fondée sur la valeur universelle de la Franc-maçonnerie, au-delà de ses modalités d’expressions particulières et datées (obédiences, rites). C’est bien en effet le rôle essentiel du mythe que de mettre un ordre significatif dans le chaos. La Franc-maçonnerie se fonde ainsi sur sa fidélité à de grands archétypes mythiques dont on peut retrouver les images dans la plupart des grandes civilisations.


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