George Sand et ses consoeurs : la femme artiste et intellectuelle au XIXe siècle 20e Colloque International George Sand Vérone (Italie), 29 juin-1er juillet 2015

George Sand et ses consoeurs : la femme artiste et intellectuelle au XIXe siècle 20e Colloque International George Sand Vérone (Italie), 29 juin-1er juillet 2015

June 29, 2015

Organisation: Laura Colombo, Università degli Studi di Verona, Dipartimento di Lingue e Letterature Straniere, avec le soutien de la George Sand Association, USA. Comité scientifique: Laura Colombo (Université de Vérone); Béatrice Didier (École Normale Supérieure, Paris) ; Catherine Masson (Wellesley College, MA), Annarosa Poli (CRIER, Université de Vérone) ; Pratima Prasad (University of Massachusetts Boston) ; Damien Zanone (Université Catholique de Louvain). 

APPEL À COMMUNICATIONS

Ah ! ma foi vive la vie d’artiste ! Notre devise est liberté. (Lettre de George Sand à Jules Boucoiran, 4 mars 1831) Ne m’appelez donc jamais femme auteur […]. Ne m’affublez pas de ridicules que je fuis, que j’évite et que je ne crois pas mériter. (Lettre de Sand à Charles Meure, 27 janvier 1832) Vous avez envie d’écrire, pardieu, écrivez. Ecrivez sur le sort des femmes et sur leurs droits. Ecrivez hardiment et modestement, comme vous sauriez le faire, vous. (Lettres de Sand à Marie d’Agoult, fin septembre 1835 et 26 [ ?] février 1836)

Représentatives de maintes déclarations sandiennes, ces citations résument les apories qui frappent, au XIXe siècle, la femme qui écrit. Faute de nom pour la désigner, d’ailleurs, l’époque recourt à des périphrases ou à des mots composés (femme auteur, femmes de lettres, femme poète) qui tous comportent, comme sous-entendu inquiétant, le doute sur sa capacité d’être femme ou auteur à part entière. De là aussi les termes péjoratifs qui virent au masculin, comme ce “bas-bleu” sur lequel des colloques récents se sont penchés, pour mieux le contester. Car s’il n’y a pas de nom, c’est aussi qu’il n’y a pas de place, dans la société et dans l’institution littéraire, pour une telle figure, qui toutefois se multiplie de manière exponentielle au XIXe siècle. Or après le Bicentenaire en 2004, après l’édition en cours des OEuvres complètes de Sand et celle de ses oeuvres critiques et journalistiques, le Dictionnaire Sand et le Dictionnaire universel des créatrices, après les nombreux colloques, séminaires et travaux sur les femmes écrivains visant à les réintégrer dans l’histoire littéraire, le temps est peut-être venu de dresser un bilan sur les différentes visions de la femme artiste et intellectuelle au XIXe siècle, dont on tiendra George Sand pour le foyer central. Ce qui signifierait prendre en compte, également, les écrivaines contemporaines de Sand, et le réseau, encore sous-estimé et susceptible de nouvelles découvertes ou enrichissements critiques, des ascendances, filiations et surtout des relations entre elles. Entre solidarités et dénégations, Sand a eu des rapports, de près ou de loin, avec presque toutes ses consoeurs. Les archives, ainsi que l’histoire des littératures, pourraient encore être parcourues à la recherche d’échanges, conseils, jugements relevant d’une réflexion proprement esthétique, ce qui nous intéresse premièrement ici, même du point de vue du rayonnement de l’oeuvre sandienne, jusqu’à la fin du siècle, au niveau international. On pourra alors s’interroger sur les discours et les représentations dont Sand et d’autres écrivaines ont fait l’objet au XIXe siècle, à l’intérieur du champ littéraire ou dans la presse, en France ou à l’étranger, ainsi que sur leurs propres propos concernant leur statut et les problématiques de la création au féminin, en tant que pratique mais aussi en tant que réflexion, ayant une retombée idéologique, sociale, politique et sur l’évolution des mentalités. Comment ces femmes se pensent en tant qu’auteures, artistes et intellectuelles ? Comment se positionnent-elles, et à quel degré de conscience, par rapport aux paramètres esthétiques ambiants ? Ou par rapport à la production de nouveaux modèles de discours, d’écriture ou d’encodages axiologiques? Tout a-t-il été dit sur les relations intertextuelles, sur les influences féminines subies par George Sand et sur le rôle archétypal que lui font revêtir les femmes auteurs ? En quoi leur “féminité”, souvent cachée sous pseudonyme, influence-t-elle la réception de leurs oeuvres par d’autres écrivain(e)s ou par la critique officielle ou journalistique ? Emploie-t-on un langage différent pour parler des oeuvres des femmes ? On pourra également étudier les personnages de femme artiste, intellectuelle ou particulièrement cultivée présents, dans un jeu de miroirs entre créatrice et créature, dans l’oeuvre de Sand ou d’autres écrivaines, en les confrontant, le cas échéant, avec des portraits analogues dans des oeuvres masculines. Ce qui reviendra aussi à se demander dans quelle mesure ces questions parcourent, tout au long du siècle, maints poèmes (parfois “autobiographiques”, ou consacrés par une écrivaine à une autre), pièces de théâtre, essais et surtout les romans de l’artiste femme (tels que Corinne, Consuelo, Elle et lui ou Albine Fiori, L’Atelier d’un peintre ou Domenica de Desbordes-Valmore, La Canne de Monsieur de Balzac de Delphine de Girardin, Lui de Louise Colet ou Les Désirs de Marinette d’André Léo, ou bien d’autres encore à analyser). A l’intérieur de ce colloque, plusieurs axes seront alors possibles:

  • Se construire et se penser en tant qu’écrivaine
  • Femme-auteur et engagement
  • Auteure et intellectuelle
  • Discours préfaciels et péritextuels
  • Auctorialité
  • Création de nouveaux modèles scripturaux ou génériques (poésie, théâtre, roman, histoire, essai, autobiographie)
  • Poétiques sandiennes
  • Romans de l’artiste femme (Künstlerinromane)
  • Actrices, musiciennes, danseuses, femmes peintres ou sculpteurs comme avatars symboliques de l’écrivaine
  • Identité artistique
  • Mise en fiction des actes de lecture ou d’écriture
  • Enjeux esthétiques
  • Genre et/ou sa négation
  • Obstacles
  • Liberté de l’artiste et condition féminine
  • Problématiques de la publication ou de la représentation théâtrale
  • Enjeux économiques
  • Lectorat masculin, féminin, féministe ou commun
  • Destinations et réceptions Influence de Sand sur les femmes auteurs d’autres pays
  • Adaptations et traductions comme métadiscours critique sur l’oeuvre sandienne
  • Enjeux idéologiques des adaptations d’oeuvres sandiennes pour la jeunesse
  • Un point d’orgue et un premier bilan : le centenaire de 1904

Ce ne sont que des exemples de pistes de recherche qui, loin de restreindre l’écriture des femmes à une autoréférentialité marginalisante, viseront, à travers George Sand, à revenir sur les enjeux, notamment esthétiques, de la création féminine au XIXe siècle, et sur sa place dans le champ littéraire commun.

Les propositions de communication pourront concerner, tant au niveau français que, de façon très souhaitable, européen et extra-européen, des exemples emblématiques de ces questionnements, en privilégiant les aspects, noms ou figures les moins traités jusque-là, les témoignages rares ou inédits, ou les apports les plus récents et originaux de la critique. Elles seront à adresser à laura.colombo@univr.it et à cmasson@wellesley.edu avant le 20 septembre 2014. Les réponses du comité scientifique seront envoyées avant le 20 octobre 2014.

Infos pratiques : Le voyage et l’hébergement seront à la charge des participants (une liste d’hôtels conventionnés sera fournie). Pour tout renseignement : laura.colombo@univr.it.

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